Quand peut-on séparer des jumeaux siamois ?

Déployer Replier le sommaire

Comment, et surtout quand, peut-on séparer des jumeaux siamois ? La question pourrait paraître anecdotique tant les naissances de jumeaux siamois sont rares. Pourtant, elle soulève des interrogations médicales, techniques, éthiques et humaines complexes. Dans cet article nous tenterons d’apporter des éléments de réponse et de compréhension à ce sujet.

Comprendre la formation des jumeaux siamois

Les origines embryologiques des jumeaux siamois

La formation des jumeaux siamois est le fruit d’un processus embryologique particulier. Elle survient lorsque l’œuf fertilisé ne se divise pas entièrement pour donner deux fœtus distincts. Résultat : les deux individus restent liés par une partie de leur corps. Ce phénomène concerne environ 1 % des grossesses gémellaires, soit une naissance sur 200 000.

Les différents types de jumeaux siamois

Selon le lieu de leur liaison, on distingue plusieurs types de jumeaux siamois. Les céphalopages sont reliés par le crâne ; les thoracopages au niveau du thorax avec souvent des organes comme le foie en commun ; quant aux omphalopages, ils sont liés au niveau de l’abdomen. Il est crucial de noter que 87 % des jumeaux siamois sont reliés par l’avant du corps.

L’importance du partage d’organes chez les jumeaux siamois

Le degré de partage d’organes entre les jumeaux est un facteur déterminant dans la complexité de leur séparation. Plus les organes vitaux sont partagés, plus l’opération s’avère complexe et risquée. Par exemple, la séparation est particulièrement difficile lorsque les enfants partagent la colonne vertébrale.

Suivant cette première approche de compréhension du phénomène des jumeaux siamois, voyons maintenant quels sont les critères qui permettent aux médecins de prendre la décision de séparer ou non ces enfants.

Les critères déterminants pour une opération de séparation

La nature des organes partagés

Dans le cadre d’une possible séparation de jumeaux siamois, l’un des premiers éléments à prendre compte est la nature des organes partagés. Ainsi, il est généralement plus facile d’envisager une opération lorsque les jumeaux ne partagent pas d’organes vitaux ou ont des organes divisibles. Pour certains organes comme le foie, leur capacité à se régénérer après la séparation peut être un atout majeur.

L’état de santé général des enfants

L’état de santé général des enfants joue également un rôle essentiel. En effet, plus ils sont en bonne santé avant l’intervention, plus leurs chances de récupération post-opératoire sont élevées. De même, si l’un des deux jumeaux présente une pathologie grave, cette situation peut influencer la décision d’opérer ou non.

Le jugement médical

Cependant, au-delà des aspects purement physiques, le jugement médical reste primordial. Ce sont les médecins qui, forts de leur expertise et expérience, vont évaluer l’ensemble des éléments à leur disposition pour décider de l’opportunité d’une intervention chirurgicale.

Avec ces critères en tête, examinons les techniques chirurgicales mises en œuvre pour séparer les jumeaux siamois.

Les différentes techniques chirurgicales de séparation

Une opération complexe et délicate

Séparer deux êtres humains reliés par une partie de leur corps est une opération extrêmement complexe et délicate. Elle nécessite une préparation minutieuse et des compétences techniques fines. Chaque cas est unique et nécessite une approche sur mesure.

L’importance du travail en équipe

Pour réussir une telle opération, il faut un travail d’équipe coordonné. Le professeur Yann Révillon, ancien chef du service de chirurgie pédiatrique à l’hôpital Necker à Paris, illustre parfaitement cette notion avec l’opération qu’il a menée en 2013 pour séparer deux frères siamois malgaches reliés par la paroi abdominale et le foie.

Maintenant que nous avons abordé la question des techniques chirurgicales, intéressons-nous à la prise en charge post-opératoire des jumeaux siamois séparés.

La prise en charge post-opératoire et les défis de la reconstruction

La phase de rétablissement

Après une opération aussi complexe que celle de la séparation de jumeaux siamois, la phase de rétablissement est cruciale. Les enfants doivent bénéficier d’un suivi médical rigoureux pour s’assurer que leur état de santé évolue positivement.

Les défis physiques et psychologiques

Mais au-delà des aspects purement physiques, ces enfants vont également avoir à surmonter d’importants défis psychologiques. Après avoir vécu collés l’un à l’autre depuis leur naissance, ils devront apprendre à vivre séparément. Un accompagnement psychologique adapté est donc indispensable.

Dernier point mais pas des moindres : quelle est la position de l’éthique médicale face à ce type d’intervention ?

L’éthique médicale face à la séparation des jumeaux siamois

Une décision aux conséquences lourdes

Prendre la décision de séparer des jumeaux siamois n’est pas sans conséquences. Au-delà des risques liés à l’opération elle-même, cette décision peut entraîner des complications graves, voire mortelles. Le cas tragique de Ladan et Laleh qui ont perdu la vie peu après leur séparation à Singapour en est un exemple marquant.

Les progrès de la médecine : une lueur d’espoir

Néanmoins, malgré ces risques, les progrès de la médecine offrent une lueur d’espoir. Les interventions chirurgicales réussies sont de plus en plus fréquentes comme le montre l’exemple des sœurs siamoises camerounaises Bissie et Eyenga qui ont été séparées en France en 2019.

Pour terminer sur une note positive, il convient de rappeler que chaque opération est unique et dépend des circonstances individuelles. La séparation des jumeaux siamois est un acte médical complexe qui nécessite une évaluation minutieuse et des préparations soignées. Si les risques demeurent élevés selon la complexité des cas et des organes impliqués, les avancées médicales permettent d’espérer de plus en plus de séparations réussies.

4.8/5 - (11 votes)

En tant que jeune média indépendant, Seneactu a besoin de votre aide. Soutenez-nous en nous suivant et en nous ajoutant à vos favoris sur Google News. Merci !

Suivez-nous sur Google News